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LE POTENTIEL ÉROTIQUE DE MA FEMME d'après le roman de David Foenkinos
adaptation Sophie Accard et Léonard Prain
avec Sophie Accard, Léonard Boissier, Jacques Dupont, Benjamin Lhommas, Anaïs Merienne, Léonard Prain
Après Avignon et le Théâtre 13, Le potentiel érotique de ma femme - titre accrocheur s'il en est - se dévoile aux Mathurins.
Adaptation du roman éponyme et foisonnant de Foenkinos, ce spectacle raconte l'histoire d'Hector jeune homme névrosé déguisé en collectionneur compulsif. Sa collectionnite étant pour lui le moyen de fuir le réel en se réfugiant dans le petit monde clos des objets.
Dernier rejeton d'une famille névrosée elle-même, passéiste et étriquée, on se rend vite compte qu'il n'a jamais eu toutes les chances de son côté. Cependant, décidé à s'échapper de cette vie machinale - quitte à se supprimer lui-même - la rencontre fortuite avec une jeune femme va tout changer. Hélas, la vie bourgeoise, même heureuse, est bien plate, et sa femme jamais autant désirable que quand elle fait les vitres... Alors Hector est-il vraiment guéri ? Ou n'est-il pas seulement monté en gamme dans sa monomanie, passant de collectionneur ordinaire à fétichiste ? Et d'où viendra la délivrance dans cet univers où chacun cache ses fantasmes sous les oripeaux de la bienséance ? Ou chacun tente de donner le change pour ne pas laisser éclater ses frustrations au grand jour ?
Il est difficile d'être vraiment dur avec cette pièce car il y a une bonne humeur sur le plateau vraiment contagieuse. D'autant plus que la qualité des comédiens est admirable. C'est à la fois décalé, potache, pince sans rire, le tout emballé dans un univers mi-boulevardier, mi-absurde assez jouissif... Pourtant, si l'on sourit souvent à ces péripéties, on reste un peu sur sa faim. La faute peut-être dans la combinaison de personnages caricaturaux et de situations qui le sont toutes autant. Ça fait beaucoup. Et ce n'est pas non plus du pur burlesque, même si parfois cela s'en rapproche.
Cela nous ramène alors au fait qu'il s'agit d'un roman à la base dont la complexité n'a peut-être pas totalement survécu à son passage sur les planches.
Bref, c'est le genre d'objet théâtral qui se déguste comme une barbe à papa : c'est bon, mais c'est creux, et il ne vous reste même pas à la fin le petit bâtonnet en bois pour vous rappeler ce que c'était.
Vous n'avez plus qu'à vous procurer le roman.
MB