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LE SYSTEME de Antoine Rault
avec Lorant Deutsch, Stéphane Guillon, Eric Metayer, Urbain Cancelier, Marie Bunel, Sophie Barjac, Stéphanie Caillol, Philippine Bataille
En ce temps-là, les affaires étaient déjà les affaires.
Nous sommes en 1716. Louis XIV est mort depuis peu. A cause des guerres et d'une économie atone, la France est en faillite. Le Régent, Philippe d'Orléans, chargé de tenir la boutique jusqu'à ce que Louis XV soit en âge de savoir compter, cherche à relancer la machine.
Or, un joueur écossais du nom de John Law lui propose rien de moins que de convertir la monnaie jusque-là en espèces sonnantes et trébuchantes en billets de banque, c'est à dire en papier, puis la valeur des entreprises en actions. L'idée étant de mettre fin à la crise de la liquidité et de remédier au trop faible financement de l'activité des compagnies. Rien de moins que de passer à une économie moderne en somme !
Le thème de ce spectacle est la réussite de ce système, puis sa chute due à la spéculation.
On sent d'emblée l'auteur, Antoine Rault, très à l'aise avec son sujet, dont il expose la genèse dans le contexte particulier de la Régence et des intrigues du pouvoir. Dans une histoire comme celle-ci, les personnages sont tout, et il parvient à en restituer les facettes avec jubilation grâce à des dialogues qui font mouche. Certains parallèles avec la situation actuelle de notre gouvernance sont par ailleurs amusants.
Si Eric Métayer en collecteur de l'impôt royal fait le job plutôt bien, Lorànt Deutsch campe un petit génie de la finance plein de fougue, brillant, mais un peu linéaire, Stéphane Guillon en abbé Dubois, un consigliere ecclésiastique, fourbe et attachant, mais le comédien qui occupe la place centrale (sauf sur l'affiche, un oubli sans doute), c'est le merveilleux Urbain Cancelier qui habite un Régent génial de rouerie et de fantaisie.
Côté femmes, Sophie Barjac en Elisabeth-Charlotte de Bavière, mère du Régent, est la seule à imposer une présence suffisante, Marie Bunel ne semble pas très à l'aise en maîtresse du Régent, le rôle n'ayant que peu à défendre il est vrai, Stéphanie Caillol en épouse du génial Law manquant également de partition.
Si la direction d'acteur est impeccable comme toujours avec Didier Long, la scénographie pêche par une lourdeur répétitive qui nuit à la fluidité. Les panneaux sur rail devraient être interdits au théâtre ! (je plaisante). Par ailleurs, beaucoup d'efforts sont produits pour restituer l'ambiance de libertinage et de licence qui régnait au Palais Royal, mais sans convaincre tout à fait non plus.
En bref, de la belle ouvrage, avec un texte certes un peu bavard, mais instructif, le tout couronné par un bon Guillon et un superbe Cancelier !
Qui emmener ? Votre conseiller fiscal. Au moins, il pourra vous expliquer après coup si vous n'avez rien capté.
Théâtre Antoine jusqu'au 30 Mai
MB