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LA MAISON D'À CÔTÈ de Sharr White
avec Caroline Silhol, Hervé Dubourjal, Léna Bréban, Stéphane Comby
J'ai la mémoire qui flanche...
En pleine démo sur les spécificités novatrices d'une molécule contre la dégénérescence des cellules du cerveau, Juliana, conférencière scientifique, a soudain une vision obsédante qui lui fait perdre tout ses moyens. Contrainte de s'arrêter, on lui découvre alors une pathologie similaire à celles dont elle expliquait avoir trouvé le traitement. A cette coïncidence malheureuse s'ajoute un drame familial survenu longtemps auparavant et qui semble être le cœur noir de tous ses dérangements.
Mélangeant fait divers et pathologie de la démence clinique, cette pièce semble brouiller les pistes, puis les frontières, entre réalité et hallucination.
C'est ainsi qu'on suit le parcours de Juliana dans les méandres de sa mémoire qui vacille, de son discernement qui l'abandonne, se cognant de plus en plus la tête telle une mouette tchékovienne contre la dure réalité de son destin. Dure réalité à peine tempérée par un environnement au luxe discret, mais où la taille des pièces des habitations semble entourer les personnages d'un froid sidéral.
Spectacle par ailleurs en tout point parfaitement tenu – la mise en scène de Philippe Adrien est un exemple de classicisme – et à la scénographie vraiment d'une grande beauté, cette pièce dont les dialogues sonnent juste peine cependant à convaincre. La faute sans doute à une histoire qui semble trop fabriquée et dont on cherche à comprendre la finalité. Autre motif de frustration, tout semble être dit de l'action, de ses causes et de ses conséquences, comme si l'auteur n'avait pas fait confiance au spectateur pour compléter les vides.
Le bon point toutefois est que malgré la noirceur de la situation dans laquelle les personnages s'engluent, la pièce ne sombre jamais dans le pathos.
Dans le rôle central, Caroline Silhol excelle avec un jeu tout en ruptures à la limite de la noyade. Hervé Dubourjal est parfait en mari affecté, même si son personnage paraît un peu linéaire. Quand à Léna Bréban, elle apporte cette note de fraîcheur qui allège un tantinet le spleen du propos.
Avec qui ? Une ex un peu collante. Ça la calmera pour le restant de la soirée.
Jusqu'au 4 avril au Petit Saint-Martin
MB